Alors que les permis de construire ont connu une augmentation en juin, le suspense demeure dans la filière construction et immobilière.
Et comme le dit si bien l’adage : « Le suspense est pire que la déception » — Robert Burns, écrivain et poète.
Découvrez les chiffres clés récemment publiés par le Ministère de la Transition écologique, couplés à une analyse des enjeux à relever dans le secteur de la construction neuve pour le semestre à venir.
Présenté par Le Plan Immobilier.
Légère hausse des permis de construire : un signe encourageant ?
En juin 2024, le nombre de permis de construire délivrés a atteint la barre des 28 500 unités, soit une hausse de 5 % en comparaison au mois de mai dernier. Ce rebond, bien qu'encourageant, reste malgré tout insuffisant pour compenser la baisse significative observée depuis les remous de la crise pandémique qui ont chamboulé le monde entier.
Ce chiffre demeure 26 % en dessous du niveau moyen enregistré avant le confinement de mars 2020, d’après les données ajustées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO).
Au total, sur une période de douze mois (entre juillet 2023 et juin 2024), près de 347 900 logements ont été autorisés à la construction, soit une diminution de 15,3 % par rapport à l'année précédente et une baisse de 25 % par rapport à la période précédant la crise sanitaire.
« Il est crucial que le prochain gouvernement prenne acte et agisse », fait savoir Pascal Boulanger, Président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) sur son réseau LinkedIn. « À plusieurs reprises, j'ai alerté le ministre de l’Économie sans obtenir de réponse », renchérit-il.
Qu’en est-il des mises en chantier ?
- Les mises en chantier ont été revues à la baisse, avec une diminution notable en juin 2024.
- Seulement 22 400 logements ont été démarrés en juin 2024, soit une chute de 9,1 % par rapport au mois de mai 2024 (chiffre inférieur de 30 % à la moyenne de l’année précédant la pandémie).
- 272 800 logements ont été mis en chantier pendant l’année écoulée (soit une baisse de 21,8 % par rapport à la période de juillet 2022 à juin 2023).
À propos des données & statistiques
Nombre de logements autorisés et commencés par type
Juin 2024 | Trois derniers mois (avril à juin 2024) | Douze derniers mois (juillet 2023 à juin 2024) | |
---|---|---|---|
Nombre de logements autorisés |
31 200 |
82 400 |
-12,2 % |
Logements ordinaires |
26 000 |
71 300 |
-13,7 % |
Individuels purs |
6 400 |
18 800 |
-20,1 % |
Individuels groupés |
4 200 |
11 300 |
+7,4 % |
Collectifs |
15 500 |
41 200 |
-15,1 % |
Logements en résidence |
5 200 |
11 100 |
-1,1 % |
Nombre de logements commencés |
24 400 |
68 000 |
-8,4 % |
Logements ordinaires |
21 100 |
59 700 |
-8,2 % |
Individuels purs |
5 900 |
18 200 |
-27,5 % |
Individuels groupés |
3 000 |
8 200 |
-0,8 % |
Collectifs |
12 200 |
33 300 |
+5,1 % |
Logements en résidence |
3 300 |
8 300 |
-9,6 % |
Source : Ministère de la Transition écologique
Le marché des appartements neufs : une tendance à la baisse
Le secteur des logements collectifs, y compris les résidences gérées, a été particulièrement impacté au cours de cette période.
Entre juillet 2023 et juin 2024, 223 300 permis de construire ont été délivrés, soit une diminution de 13,7 % par rapport aux douze mois précédents.
Les autorisations pour les logements collectifs ordinaires ont diminué de 15,4 %, tandis que celles pour les logements en résidence gérée ont reculé de 6,6 %.
De même, les mises en chantier dans ce secteur ont également chuté, avec seulement 164 400 logements commencés ; soit une baisse de 18,2 %.
Les logements collectifs ordinaires ont été particulièrement touchés, avec une diminution de 19,6 %, contre 11,4 % pour les logements en résidence.
Le marché des logements individuels n'a pas été épargné non plus, subissant une pression encore plus forte à la baisse.
Les acteurs de la filière construction et immobilière tirent la sonnette d’alarme
Face à ce constat, de nombreux professionnels de la promotion immobilière appellent le gouvernement à une action urgente.
« La chute des ventes de logements neufs a privé l’État d’environ 4 milliards (d'euros) en recettes de TVA en 2023 », a martelé Pascal Boulanger.
Lors d’une interview accordée à BFM Immobilier, le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Olivier Salleron, a notamment mis en exergue un retard dans la construction de logements sociaux.
« Il en faudrait 125.000 par an, c'est ce qui était promis par le gouvernement, on en a fait à peine 80.000 cette année », explique-t-il.
Il appelle également les politiques et les députés fraîchement élus à agir sur « les priorités de la société française : se nourrir, se loger, se soigner ».
Pour aller plus loin :
Logement neuf : quid des perspectives pour le second semestre 2024 ?
Le secteur de la construction neuve en France reste fragile, largement influencé par un contexte multifactoriel imprévisible (politique et économique).
Les fluctuations des coûts des matériaux de construction, associées à des normes plus strictes en matière d'efficacité énergétique, laissent planer le doute quant aux prévisions pour le reste de l'année 2024.
Plusieurs facteurs responsables
Pour autant, dans cette situation, les acteurs de la profession ne baissent pas les bras.
« Nous placerons la question du logement au cœur des préoccupations du nouveau gouvernement et des parlementaires. », affirme le Président de la FPI dans l’un de ses articles collaboratifs.
Pour aller plus loin :
Pour aller plus loin : Vers une sortie de crise à l'horizon 2025 ?